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« Pops-ups » et livres animés La bibliothèque des Arts décoratifs est heureuse d’accueillir jusqu’au 10 janvier l’exceptionnelle collection de « Pop-ups » réunie par la Librairie Galignani. L’idée est née de l’enthousiasme de son directeur Marie Paccard pour ces livres animés et inventifs qui connaissent un grand engouement aux Etats-Unis et en Angleterre depuis les années soixante-dix et maintenant en France. Présentés dans le Hall d’entrée et le Cabinet de l’Amateur, ils nous offrent un spectacle et créent un effet de surprise vif et coloré pour le plus grand plaisir des spectateurs de tous âges. Livres à systèmes, arlequinades, livres à figures mobiles, à volets ou à disques, livres en relief, ou le tout combiné, complété parfois par des lumières, les livres animés sont d’une grande variété. L’imagination des créateurs abonde au fil des époques, pour en arriver aux pop-ups contemporains, où l’image en 3D explose comme un tour de magie lorsqu’on tourne la page. Les Pops-ups ne sont pas nés spontanément au 20ème siècle. D’autres livres, animés d’images mobiles : livres à volets, à languettes, à disques…, les avaient précédés. L’image à volets, c’est-à-dire à feuillets superposés, procédé le plus simple et le plus ancien, semble remonter à la fin du 15ème siècle. On cite le plus souvent une édition des Voyages de Jean Mandeville, voyageur anglais (1300-1370), publiée par Sorg à Augsbourg en 1481, parce qu’il contient des gravures sur bois avec volets pour masquer la nudité des indigènes représentés. A la Renaissance, l’anatomie, elle aussi, a recours à des planches à volets pour la vision interne du corps humain. Les ouvrages scientifiques traitant de la cosmographie, les calendriers perpétuels, les cadrans solaires sont, quant à eux, souvent illustrés de planches gravées à disques mobiles qui font apparaître par rotation les différentes parties de la voûte céleste. Plus tard, à la fin du 18ème siècle et au 19ème, les inventions se multiplient pour animer l’image et lui donner du relief dans les livres de divertissement, les livres d’enfants et les images. En introduction à l’exposition nous avons tenu à réunir quelques témoins de cet art original, souvent méconnu, provenant de nos collection et avons tenté une classification par type de procédés. Poupées à découper et figurines de poupées à habiller Quatre gravures datées du 18ème siècle, appartenant à la réserve Maciet, représentent deux couples de « poupées à découper », l’un vêtu des atours de la noblesse, l’autre, aquarellé, en costume du peuple. Une fois découpés, leurs bras et jambes fixés au corps par des ficelles, ils devenaient « poupées articulées ».Ils préfigurent la vogue des planches de « figurines de poupées à habiller » représentées par une très belle lithographie en couleur imprimée chez Pinot & Sagaire à Epinal vers 1860-1865 provenant également de la réserve Maciet. Au début du 19ème siècle, les livres de géographie renferment parfois des « Globes portatifs ». La Bibliothèque en conserve deux, datés des années 1820-1830 ; ils appartiennent au fonds James Hazen Hyde consacré aux Cinq parties du Monde. Il s’agit de petits précis de géographie allemands, composés de trois volets cartonnés, Darstellung der fünf Welttheile publiés chez F.G. Schutz à Stuttgart. Ils contiennent chacun le texte, un pliage où sont représentés 15 types de peuplades des différentes parties du monde et une sphère en papier, gravée et colorée, découpée en 6 parties reliées par un fil. Ce fil, tiré à chacune des extrémités, permet de redonner à l’ensemble la forme sphérique du globe. Images à volets rabattus, images à coulisses On ne saurait oublier les chromolithographies, cartes de vœux ou publicités de toutes sortes, prétextes à d’extraordinaires réalisations graphiques. Une carte de vœux allemande datée de la fin du 19ème siècle est particulièrement représentative de cet art des chromos animés. Elle s’ouvre par le milieu et un système de volets se déploie en 5 tableaux successifs, mettant en relief des fleurs et des oiseaux, accumulation de gaufrages et de « découpis », de couleurs vives et brillantes, destinés à susciter l’émerveillement du destinataire.La publicité s’est très vite approprié cet art ludique. L’un des tous premiers, a en découvrir l’importance est Aristide Boucicaut. C’est lui qui distribue des images chromos réclamées par les enfants chaque semaine pour compléter leur collection, entraînant leurs mères « Au Bon Marché ». Elles sont devenues très rares mais la Bibliothèque en conserve heureusement plusieurs comme ce « Renard et les raisins » ou ce « Corbeau et le Renard », datés de 1903, conçus comme des dépliants panoramas à deux volets à rabat. Datée de 1905, une autre série de chromos représente six Fables de La Fontaine, « L’Huître et les plaideurs », « La Laitière et le pot au lait », etc. Il s’agit cette fois d’images à coulisses. Des fentes et une tirette permettent de faire apparaître alternativement deux images. Nous conclurons ce rapide panorama des images et du livre animés anciens par deux types de livres pour enfant caractéristiques des créations des années 1950. Tous deux ont été prêtés à la Bibliothèque le temps de l’exposition. “Peep-show books” ou carrousel Les premiers “peep-shows” caractérisés par leurs décors en perspective sont apparus en Angleterre dès la fin du 18ème siècle. Plus tardif, puisqu’il date des années cinquante, « The Sleeping Beauty » appartient à cette catégorie d’ouvrages anglais, imprimés en Hollande dans la collection des « Peep-Show Books ». Il est à remarquer que pour la diffusion en France, bien que le titre de la couverture ne soit pas traduit, sur le texte anglais du conte est collée la traduction en français.Son créateur, Roland Pym (1910-2006), était non seulement illustrateur de livres pour les enfants mais aussi peintre de paysage et décorateur de théâtre, ce qui explique le style adopté pour « The Sleeping Beauty ». Le livre, s’ouvre par la tranche et se déploie en carrousel, offrant au spectateur six scènes découpées en 4 plans successifs, en profondeur, s’inspirant des perspectives théâtrales de la Renaissance italienne. La scène où le prince dans la forêt profonde, découvre au loin le château de la « Belle au Bois dormant » est d’un grand romantisme. Le procédé mis en œuvre pour rendre l’univers magique d’« Ali Baba et les quarante voleurs » est strictement l’inverse du précédent. Publié par les éditions Lucos à Mulhouse, dans les années cinquante également, et illustré par Gildas, il comprend quatre scènes, non plus en profondeur mais en relief . Il est à classer dans la série des livres à « animation automatique » c’est-à-dire que les images, préalablement découpées, se dressent à l’ouverture du livre qui se déploie et jaillissent vers le spectateur pour le surprendre. Images en « 3 D », c’est presque un « Pop-up ». Josiane Sartre L’enthousiasme pour ces livres animés est tel qu’il déborde du stricte domaine enfantin. Il constitue désormais un genre en soi qui donne lieu à de nombreux échanges entre passionnés, les professionnels étant les premiers à donner des conseils, sur leurs sites Internet, aux nombreux amateurs. La réalisation d’un pop-up nécessite un long travail d’élaboration et une collaboration étroite entre l’auteur des illustrations qui peut être éventuellement l’auteur du texte, et le concepteur de l’image en 3 D – l’ingénieur du papier si l’on traduit littéralement le terme anglais. Ce nouveau métier est un croisement entre celui d’illustrateur et de « package designer ». On considère que c’est le tchèque Vojtech Kubasta qui relança le goût du livre animé dans les années cinquante. Le succès de ses publications amena les éditeurs à rééditer des livres animés célèbres comme ceux de Lothar Meggendorfer, en particulier le Grand cirque international et Maison de poupée, publiés en Allemagne autour des années 1880. Mais le moment déterminant se situe au cours des années soixante-dix, période où les livres pour enfants voient leur succès grandir, grâce au talent d’une profusion d’artistes illustrateurs et à l’importance accordée à la petite enfance. Dans cette mouvance apparaît un nouvel intérêt pour le livre à systèmes dont les nombreuses tirettes, languettes et autres mises en relief permettent à l’image de bouger, amplifiant son aspect ludique. Pour aboutir au « pop-up » actuel, terme intraduisible où les anglo-saxons sont passés maîtres. La tradition perdure des contes et fables racontés aux enfants dont les personnages sont des animaux. Dans le petit livre Pop-up Aesop, édité par le Getty Trust, le jeune lecteur est invité à découvrir la morale de la fable en tirant une languette et même à composer ses propres fables en pointant un animal et en choisissant une morale sur une liste cachée dans la barbe du sage. D’autres artistes s’intéressent aux contes, comme Warja Lavater qui retranscrit sous forme de symboles graphiques, sur un livre-dépliant édité par Adrien Maeght, l’histoire d’Ourasima, tirée du folklore populaire japonais. Dans Fishing for the Moon, Lulu Hansen utilise la technique du pop-up pour illustrer des contes Zen. L’héritage des comptines Autre héritage, celui des comptines que l’on chante ou que l’on raconte aux tout-petits pour stimuler leur éveil. Ici la découverte des mots, des couleurs et des formes ne s’appréhende plus seulement par le rythme de la poésie en musique mais physiquement. La découverte du monde passe par la gestuelle et par le toucher, comme le recommande Bruno Munari, « ancêtre » du livre-objet pour enfant, dont les Prélivres ou les Livres illisibles constituent une bibliothèque de petits livres tactiles, destinés aux tout jeunes avant même l’apprentissage de l’alphabet.Dans le domaine de la petite enfance les auteurs de pop-ups débordent de créativité, tout particulièrement David Pelham, Chuck Murphy, Robert Sabuda, Matthew Reinhart ou Ron van der Meer. Dans Animal Babies de Chuck Murphy les lettres de l’alphabet sont des fenêtres qui peuvent être ouvertes par glissement, tirette frontales ou latérales d’où surgit le déploiement de scènes animalières. Par cette même technique de manipulation, David Pelham joue sur les notions opposées avec l’éternel jeu du chat et de la souris. Dans Applebee’s opposite : selon que l’on tire la page de droite à gauche ou selon le degré de l’ouverture apparaissent ou disparaissent la souris du chapeau, ou de son trou. Quelques grands classiques de la littérature enfantine ont été transposés en pop-up. Parmi les reprises d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, il faut noter celle de Robert Sabuda dont le jeté de cartes est une impressionnante expansion colorée. Dans la version d’Otto Seibold et James Diaz le pop-up est complété par un graphisme débridé. Le pop-up Moby Dick de Sam Ita déploie des scènes de grande envergure enrichies de multiples scènes dans des fenêtres latérales. Les aventures de Peter Rabbit ont, elles aussi, leur version pop-up : on y voit le petit lapin de Beatrix Potter tomber dans un vrai filet. La bande dessinée compte aussi ses pop-ups, comme Peanuts et ses gags. Les monstres de la littérature enfantine Dans le registre des monstres, la littérature enfantine abonde. Au Japon ce genre est bien connu sous le terme Yokaï. L’histoire de La petite fille Anima et ses amis monstres fait partie de ce registre.Mommy ? de Maurice Sendak fait lui aussi partie de ces livres qui frappent l’imaginaire enfantin. Parfait exemple de symbiose réussie entre un célèbre auteur de livres illustrés pour enfants et un remarquable concepteur de pop-up, Matthew Reinhart, ce livre est un petit chef-d’œuvre de créativité. Les premiers livres animés étaient des livres sur l’astronomie ou la géographie. Instruire par le jeu reste le meilleur moyen d’acquérir des connaissances. L’histoire des dinosaures, de Robert Sabuda et Matthew Reinhart, des animaux préhistoriques, de Lucio et Meera Santoro, la conquête de l’espace, Ils ont marché sur la lune, publié en France dans la collection Rouge et Or, de même que les atlas et les livres sur l’architecture de Ron van der Meer et Deyan Sudjic ou de Keith Finch et Neal Manning, permettent d’entrer presque physiquement dans ces mondes à découvrir. La créativité et la recherche formelle dans ce domaine sont telles que l’on peut les considérer comme des livres d’artistes. Certains livres animés sont silencieux, comme des œuvres d’art, sans texte. L’abécédaire en 3 dimensions de Marion Bataille est un travail sur le volume autant que sur la typographie, très sobre en couleurs, édité cet automne par Albin Michel. Philippe UG, autre artiste français, s’est lui aussi lancé dans l’aventure. Il a créé des petits robots hauts en couleurs, qu’il édite en édition limitée. L’architecte hollandais, Rein Jansma, présente 10 escaliers, sans commentaire, laissant l’impact du jeu de lumière créé par ces constructions de papier blanc faire son effet dans le plus parfait dépouillement. L’effet du pop-up et son caractère spectaculaire a incité par ailleurs les publicitaires à utiliser ce moyen d’expression pour renforcer l’efficacité de leur communication, comme le grand magasin Neiman Marcus, qui célèbre ses 100 ans en pop-up au format grand luxe ainsi que la maison Fabergé qui publie un ouvrage de ses chefs-d’œuvre. Organisée et réalisée en collaboration avec la Librairie Galignani, cette exposition est destinée à faire mieux connaître au public français ces sculptures de papier, peu connues ou méconnues, sous leurs différents aspects. Guillemette Delaporte |
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Source © Artprice.com |
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